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    L’histoire du Zouglou : l’âme, l’arme et les larmes du peuple

    Découvrons l’histoire du Zouglou depuis les années 1960, la musique qui prône l’âme, l’arme et les larmes du peuple.

    Le Zouglou (façon-façon en Baoulé ou Zou ô glou, voix de l’âme ou parole du peuple en Wê) tire ses racines profondes de nos traditions musicales séculaires. A l’origine du Wôyô, le riche terreau sur lequel le Zouglou s’est construit, vous reconnaitrez l’Aloukou des Bété, le Zoulou des Wê, le Palongo des Koulango, le Goumbé des Malinké, l’Ahossi des Agni, le Kondjossa des Gban, communément appelés Gagou, et bien d’autres musiques populaires. Et sans complexe, parce qu’il était aussi musique d’ouverture, le Wôyô a flirté avec le hi-life ghanéen et l’afro-beat du Nigérian Fela Anikulapo Kuti en réadaptant, par exemple, son titre « Suffiring and smiing.


    C’est dans ce creuset, qu’au prix d’une longue mutation, le Zouglou s’est formé dès les années 60, d’abord dans le scoutisme et les colonies de vacances à travers les chansons d’animation. Reécoutez la chanson « Fête soa commencé  » du groupe Les Oiseaux du monde et vous comprendrez mieux.
    A la fin des années 1970, au Lycée classique d’Abidjan, deux caïmans, Roger Capri dit You Fazer et Christophe N’dri alias Esprit Wôyô marquent une autre étape de la mutation en inventant l’Ambiance facile qui aura pour danse le Sobregaz. C’est la phase d’incubation du Zouglou dans les lycées et colléges où il accompagne la vie sportive et les exursions.


    Au milieu des années 1980, deux élèves du lycée de Gagnoa inventent une danse de contorsion qu’ils baptisent Zouglou. Il s’agit de Christian Gogoua dit Joe Christy et de Serges Bruno Porquet alias Opoku Nti. À la cité de Yopougon où ils atterissent peu après, leur gestuelle insolite s’enrichit d’un langage ésotérique et d’une philosophie de résistance aux mille malheurs de l’étudiant. Danse, philosophie et langage, c’est la base originelle du Zouglou à laquelle il ne manque alors qu’un support musical authentique. A l’époque, en effet, le Zouglou se dansait sur des rythmes Zouk ou Makossa.
    Hommage à Esprit Bakri, Caire Waka, Gnagra Christian, Diego, Jackys le Musclor, Little Georges Angaman, Moses Djinko, Brice Bastos le Togolo, Gnin-nin Cobaille, Ciboué Vabe, Ayibébou, Caire Loubé, Danon Johnny de Broudoumé, et tous les autres contributeurs remarquables qui ont façonné cet art inimitable.

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    Je reprends le fil du récit en citant Poignon, le chanteur à la voix d’or, modelé par l’esprit Wôyô du Lycée classique. A Grand-Bassam où il « fréquente », il propage l’Ambiance facile et entraine dans son sillage un certain Bilé Didier. Quand ce jeune artiste talentieux, à la fois chanteur et percussionniste, arrive au Kwazulu Natal (nom mystique de la cité universitaire de Yopougon ) à la fin des années 1980, Bilé Didier tombe littéralement sous le charme du Zouglou, danse et philosophie. C’est lui qui fait la jonction avec le Wôyô. Le Zouglou vient, dès lors, d’ajouter la quatrième dimension qui manquait à son concept, et qui fixera sa forme définitive : la musique.


    Le Zouglou n’est pas un épiphénomène. Il est le fruit d’un long cheminement qui commence dès l’Indépendance. C’est un art total enraciné dans les traditions musicales ivoiriennes. C’est, aussi, un art populaire, une musique de brassage et de synthèse, une parole satirique et transgressive qui joue sur les tableaux de l’autodérision, de la satire sociale et de la critique politique. Il peut meme de montrer subversif. Reécoutez bien « Gboklo Koffi » du groupe Les Parents du Campus, un réquisitoire sévère et sans complaisance du pouvoir finissant du grand Félix Houphouët-Boigny. Voici l’essence du Zouglou et son rôle historique.

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    On peut tout reprocher au Zouglou, mais on doit lui reconnaître une chose essentielle : au moment où Makossa, Zouk et Mayébo faisaient fureur dans les maquis et boîtes de nuit d’Éburnie, c’est le Zouglou qui est venu défendre l’honneur et la dignité de la musique ivoirienne. C’est ce même Zouglou qui, depuis 30 ans, portent en musique les rêves et les douleurs du peuple ivoirien.


    En somme, le Zouglou est notre identité, notre chant de rassemblement en tant que Nation, et notre force de résistance en tant que peuple. En cela, le Zouglou est notre âme, notre arme et nos larmes. Alors touche pas à mon Zouglou!

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